24 octobre 1925. Lorraine Chapelle, toute première femme diplômée en criminologie à Paris, arrive sur l’île de Blackmore afin de revoir un vieil ami de sa mère. Edward Pierce, détective de l’étrange, vient, quant à lui, rendre visite à un ami de longue date qui craint pour sa vie. Sur l’île, trois personnes ont disparu et les autorités ne semblent pas enclines à chercher véritablement. Sir Ronald Waldon ne l’entend pas de cette oreille, tandis qu’Edward constate rapidement que le père Molloy, son ami, avaient de curieux centres d’intérêts. Lorsque les événements poussent Lorraine et le détective sur la même piste, ils unissent leurs forces afin de percer le mystère des disparitions, lesquelles ne tardent pas à se doubler de meurtres.
Voici un roman qui flirte avec le fantastique sans jamais vraiment y plonger, et dont l’enquête tient en haleine tout du long. L’écriture est soignée, les personnages sont bien caractérisés, et leurs interactions ne manquent pas d’humour.
Du reste, Lorraine est assez décapante pour l’époque, totalement avant-gardiste, avec un caractère bien trempé, mais manque parfois d’un peu d’ouverture d’esprit tant elle a un avis tranché sur beaucoup de sujets. Cela peut être imputable à sa jeunesse, tandis qu’Edward est plus souple, érudit, du fait de son expérience. Le duo se complète parfaitement, ils s’entendent d’ailleurs sans difficulté, ce qui est une bonne chose vue les circonstances.
L’auteur nous plonge dans une ambiance qui n’est pas loin du huis-clos, le terrain d’investigation étant limité, mais les pistes n’en sont pas moins nombreuses. Lovecraft est convoqué, les références sont nombreuses, et l’amour du livre transparaît au travers des pages, avec divers personnages presque tous bibliophiles. L’enquête a lieu essentiellement dans des milieux privilégiés, cultivés, même si d’autres classes sociales sont représentées.
La culture celtique est également à l’honneur, et le mélange est habile, de sorte que le récit est mené tambour battant, et qu’il est difficile de lâcher le livre une fois commencé. Les chapitres alternent entre les deux protagonistes, et on ne s’ennuie pas un instant, la curiosité étant maintenue par un rythme maîtrisé. Pour les amateurs de thriller, d’intrigue bien ficelée, et d’une touche de Grand Ancien 😉
Les disparus de Blackmore, par Henri Lœvenbruck, éditions Pocket, 2024, ISBN 978-2-2663-3309-2, 9.50 €.
Littévasion 